Arnaud Lainé, un passionné tout en discrétion
Le Chineur de l’inattendu, de son vrai nom Arnaud Lainé, semble avoir déjà vécu plusieurs vies. Aujourd’hui, il officie en tant qu’antiquaire-brocanteur dans la région de Fribourg et utilise anibis.ch comme sa principale plateforme de vente.
Vivre au jour le jour
« L’inattendu, c’est la meilleure chose qui peut vous arriver dans la vie ! Je ne sais jamais ce que je vais trouver dans une maison, tout se passe au jour le jour. Des rencontres, ne pas savoir de quoi va être fait demain… » Arnaud Lainé l’admet sans détour, il n’a jamais aimé être comme les autres : « Je peux avoir un côté assez extra-terrestre, j’ai ma patte à moi et je suis quelqu’un d’assez solitaire ».
Après avoir vécu en Amérique latine pendant 16 ans, ce Français d’origine a tout recommencé suite à une crise politique dans le pays où il vivait. « Mon père avait une ferme au Venezuela, dans la pampa. J’y ai appris la valeur des choses, le recyclage, la débrouillardise, les vraies valeurs », confie le brocanteur. Quand il revient en France à la fin des années 90, il recommence sa vie à zéro. Puis, fin 2007, il décroche un emploi à St-Aubin (FR) dans le secteur de l’industrie pharmaceutique. Suite à la fermeture de l’usine où il travaille, dans un premier temps, il voyage – en Irlande, en Ecosse -, puis accepte le plan social qui lui est proposé.
Un brocanteur pas collectionneur
C’est pendant cette période qu’il opère sa reconversion dans l’univers de la brocante : « Au début, c’est très difficile, car il y a des jours où vous n’avez rien. Quand j’ai atteint les 2’500 annonces publiées sur anibis.ch, les ventes ont vraiment commencé. » Le modèle de vente dans les foires ou les brocantes ne l’intéresse pas ; Arnaud Lainé ne s’attache que peu aux objets qu’il voit passer et vise avant tout à réduire les frais. Son seul regret ? Une lampe Tomasso Barbi en laiton des années 60 munie de trois abat-jours en forme de feuilles. « Je n’aurais pas dû la vendre si vite, car elle m’aurait sûrement permis de passer dans l’émission française Affaire Conclue. »

Il le concède tout de même, sa maison est extrêmement bien décorée. De son côté, il avoue un penchant pour les vieilles affiches ou les peintures de nus, coups de cœur qu’il lui arrive de garder : « Je recherche aussi activement les affiches de la BOAC (ndlr : British Overseas Airways Corporation), l’ancêtre de British Airways, des affiches rares et numérotées. »
Réinventer le monde de la brocante
« Aujourd’hui, je travaille en collaboration avec un déménageur, Samuel Conus de l’entreprise Logidem. Nous sommes tous deux très différents, mais on se complète bien. Lorsqu’il a un appartement ou une maison à vider, je lui offre la main d’œuvre et je récupère ce que je veux. Je ne sors plus d’argent, c’est seulement de la sueur. » Ce principe de troc, il l’applique dans la globalité de son activité : « En Suisse, il y a des objets de très bonne qualité, mais qui ne se vendent pas. Ils partent pour la France, où je les échange contre des pièces en Formica, en rotin. »
Des projets plein la tête
Stocker et restaurer : un des rêves du Chineur de l’inattendu serait d’acquérir, avec son ami déménageur, une halle assez grande pour permettre les deux activités. Entreposer d’un côté et restaurer dans le domaine de la mécanique, marotte de son équipier. « Si en plus, je pouvais avoir mon lieu de vie en dessus, ça serait l’idéal ! ». Ce père de trois filles de 19, 14 et 7 ans se voit très bien transmettre son affaire à l’une d’entre elle dans le futur. « Je leur ramène parfois des choses que je ne pourrais pas leur offrir, comme des pièces Gucci, Valentino ou Hermès. Une vraie razzia, je n’ai rien pu vendre. »
Une visibilité en toute discrétion
Qualité essentielle d’un antiquaire-brocanteur ? La discrétion et une bonne dose d’instinct. Il vide aussi bien des lieux de vie de personnes privées ou ayant eu une vie publique. « Parfois, on trouve des objets particuliers. Même si je les mets en ligne, je ne mentionne jamais à qui l’objet appartenait. » Petit à petit, son carnet d’adresses s’est étoffé et certains objets ne sont même plus publiés en ligne, comme les statues en bronze.

Arnaud Lainé a su également développer sa visibilité sur Instagram. Des abonnés venus sans les chercher, des amateurs qui suivent ses activités et lui fournissent des bons plans. « J’ai des gens fidèles, qui m’informent sur les maisons à vider. Tout cet univers-là est quelque chose d’invisible. »
Trésors insolites
Par curiosité, on lui demande qu’elle fût sa trouvaille la plus insolite ? « En général, c’est toujours lié au sexe. Je dirais une coupelle érotique récupéré chez un artiste. Quand je rentre chez des gens, je fais une prière durant laquelle je m’adresse à la personne. Je crois fortement aux entités ; c’est quelque chose que je fais avant d’entrer dans la sphère intime de la personne. On trouve parfois des revues érotiques, des lettres d’amour ou des poèmes… et on sent toute l’énergie qu’il y a dedans. »
Arnaud Lainé est définitivement un passionné à l’énergie contagieuse. « Aujourd’hui, je ne vois pas mes journées passer par rapport à l’époque où je travaillais dans l’industrie pharmaceutique et où je m’ennuyais profondément. Une de mes collègues avait l’habitude de dire : « On est bien payé, mais on le paie chèrement. » Gageons qu’à l’avenir, il n’ait plus jamais à choisir entre l’un ou l’autre.
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